jeudi 11 février 1999

Le retour

C’est le jour du départ. J’angoisse à l’idée de retrouver le froid et la pollution parisienne. Un monde fou vient m’accompagner à l’aéroport : Félix, Cita, Noëlla, Edwige, Jean de dieu, Banagoun, François, Jean-Philippe, Shérif, et d’autres dont je ne me souviens plus des noms. C’est un moment émouvant, surtout quand il s’agit de l’aboutissement d’un tel voyage. Ce qui me soulage, c’est que je sais que je reviendrai bientôt…

Voici l'itinéraire complet :

mercredi 10 février 1999

Le camion de Félix est enfin dédouané

Félix va dédouaner son camion. Nous avons la visite de François et Jean-Philippe Tollet, des amis de Félix. Ils viennent de traverser le désert. Ils n’ont pas eu trop de difficultés. Je vais faire un tour au marché avec Jacqueline et d’autres touristes français très sympas. J’achète une machine à calculer pour Noëlla qui en a besoin et n’osait pas me le demander. Félix est tout content d’avoir récupéré son camion.

mardi 9 février 1999

Retour à Ouagadougou par le bus

Je suis réveillé par les psaumes du gardien témoin de Jéhovah. Je passe voir mes messages sur internet. J’ai deux mails de Delphine et un de Philippe Heusèle. Après avoir déjeuné à l’Entente Plus, Thierry dit Guff et Yannick dit Triffon m’accompagnent à la gare routière. Le voyage se passe très bien. La climatisation est un peu forte mais le service des stewards est impeccable. Nous faisons une halte à Boromo où j’achète des galettes sucrées aux sésames. J’arrive en début de soirée à Ouaga. Cita a bien pensé à acheter mon billet d’avion. Félix me dit avoir reçu un coup de téléphone de Franck qui me demande d’avancer la somme pour le dédouanement du camion. Il me remboursera en France. Nous mangeons des brochettes et du poisson au bord de la route avec toute la famille.

lundi 8 février 1999

La vente ne se fait pas

Nous sommes réveillés de bonne heure par le père de Maïssata qui est venu avec son garagiste. Ce dernier lui déconseille d’acheter le minibus car il ne lui parait pas adapté aux pistes de la région. Il n’a pas vraiment tort. Bien qu’elle n’y soit pour rien, Maïssata s’en veut un peu de nous avoir fait espérer. Nous lui faisons nos adieux. Nous décidons de retourner à la villa sur la route d’Orodara que les savoyards avaient louée lors de leur dernier passage à Bobo. Nous mangeons un poulet dans un resto près de la voie ferrée. Pour récupérer de la dernière nuit, nous faisons une bonne sieste puis un Scrabble au calme. Nous nettoyons le minibus qui en avait bien besoin. Puis, nous passons à la gare routière pour que je réserve une place dans le bus de Ouaga pour demain. Nous allons dîner à l’Entente Plus où nous avons rendez-vous avec un autre acheteur potentiel. Avant de m’endormir, je pose ma moustiquaire par précaution. Je crois que j’ai bien fait.

dimanche 7 février 1999

Chez Maïssata

Nous appelons Maïssata pour l’informer de notre arrivée et lui donnons rendez-vous à midi devant notre hôtel. Après un petit déjeuner copieux, nous allons consulter nos messages sur internet. J’ai un nouveau message de Delphine et un autre d’Edith. A 13 heures, Maïssata arrive enfin. Nous allons manger un riz sauce chez elle. Son père passe voir le camion. Il a l’air d’être intéressé. Il nous demande d’aller voir son garagiste cet après-midi pour contrôler son état mécanique. Nous allons faire la sieste chez Maïssata. Ils ont sorti des matelas dans la cour spécialement pour nous. Nous avons la compagnie d’un petit singe. Heureusement, il est attaché à un arbre par une laisse car il a l’air un peu agressif. On s’ennuie un peu. La visite chez les mécanos se passe bien mais il faut attendre ce soir la réponse du vieux. Le soir, nous décidons d’aller manger une brochette à l’Entente Plus. Maïssata nous en veut un peu de ne pas être resté chez elle pour manger le foutou de maïs qu’elle nous avait préparé. On lui explique qu’on avait envie de sortir un peu. La nuit a été plutôt mouvementée. Maïssata veut absolument qu’on dorme dans sa chambre. Comme on ne veut pas la déranger, on lui fait comprendre qu’on préfère dormir dans le minibus. Maïssata insiste lourdement. Pendant la joute amicale dans le minibus, je laisse tomber ma cigarette allumée sur le siège arrière. Impossible de la retrouver. Finalement, Maïssata nous laisse tranquille. Pendant la nuit, une drôle d’odeur de brûlé se fait sentir. C’est la mousse du siège qui brûle. On l’éteint en urgence avec de l’eau. L’odeur du brûlé mouillé est insupportable. En plus, ça a l’air d’attirer nos amis les moustiques. On ne peut pas dire que la nuit fût bonne.

samedi 6 février 1999

En route vers Bobo

Nous visitons le centre d’accueil qui sert aux gens de passage. C’est là qu’a atterri tout le matériel de la croix rouge qu’on transportait dans le camion. Quand je repense à toutes les galères qu’on a eu durant le voyage et que la croix rouge n’a pas bougé le petit doigt pour nous aider à Ceuta, ça me déprime. Et tout ça pour quelques touristes blancs de passage. Félix distribue aux petits enfants des petits jouets qu’a apporté Thierry. Ils sont mignons comme tout. Pour déjeuner, on tue une chèvre en notre honneur. Nous reprenons la route de Bobo en début d’après-midi. La piste est encore plus mauvaise que d’habitude. Nous découvrons une grosse hernie sur le pneu arrière. Nous arrivons à Bobo à la tombée de la nuit, bien fatigués. Comme il n’y a plus de place à l’hôtel de l’Entente, nous allons au Sabba hôtel, pas si mal pour le prix, avec télévision et douche chaude. On va dîner à l’Eau Vive, un restaurant tenu par les bonnes sœurs. C’est très bon.

vendredi 5 février 1999

En Pirogue sur le Sourou

Très tôt le matin, j’entends vaguement une conversation entre Félix, Paul et Jacqueline. Ils ont l’air de discuter des suites à donner au départ d’Anne-Marie. Nous partons vers midi visiter la région du Sourou. Nous louons une barque pour aller voir les hippopotames. Félix et Thierry n’étant pas très rassurés par la stabilité des pirogues, préfèrent rester nous attendre au village. C’est très agréable de flotter sur le fleuve. Nous avons la chance d’apercevoir une dizaine d’hippopotames qui jouent dans l’eau. Nous n’approchons pas trop car il y a des petits et les mères risquent d’être dangereuses. Au retour, nous allons manger du ragoût d’igname dans un campement non loin de là. Nous arrivons en fin d’après-midi à Zaba, le village d’enfance de Félix. L’accueil est très chaleureux, comme d’habitude. Nous avons le droit au chant des femmes, à la bienvenue du griot et bien sur, au dolo, la bière de mil locale. Paul a beaucoup bu. Félix craint qu’il fasse une bêtise. Je dors dans la même case que la dernière fois. Sauf que cette fois-ci, je n’ai pas vu de gros rat noir.

jeudi 4 février 1999

Chez Paul à Tougan

Nous passons la matinée tranquillement chez Paul. On en profite pour faire un peu de linge et pour lire dans le hamac. Nous allons faire des courses au marché. On y trouve des tomates et des oignons. Jacqueline prépare une super ratatouille et de la salade. Nous jouons au Scrabble avec Paul, Thierry et Yannick. Je gagne. Le soir, Félix nous retrouve au Nervoya avec pas mal de retard car le taxi-brousse n’a eu que des problèmes.

mercredi 3 février 1999

Départ pour Tougan

Grâce au minibus de Thierry, nous chargeons et ramenons le vérin chez Félix sans trop de difficulté. Je sens que Félix est soulagé de le récupérer. Dans l’après-midi, nous prenons la route de Tougan. Félix nous rejoindra demain en taxi-brousse. Le minibus roule bien. On avale pas mal de poussière. Nous arrivons juste avant la tombée de la nuit. Paul, le frère de Félix, n’est pas chez lui. Nous le retrouvons au bar Nervoya. Apparemment, il a bu beaucoup de bières. Il est un peu soûl. Il n’arrête pas de me taxer des clopes. Bref, ce n’a pas l’air d’aller très fort pour lui. En fait, sa femme, Anne-Marie, a fait ses valises. Ce n’est pas la joie.

mardi 2 février 1999

Les photos de la soirée

A mon réveil, je vois Félix en train de refaire son apatame. Maïssata nous rend visite pour nous montrer les photos de la soirée de samedi au Harlem. Elles sont sympas. Nous passons chez Photolux pour en faire des doubles. Puis elle m’accompagne à l’hôtel de Thierry et Yannick qui réparent le démarreur de leur minibus. Après, je vais voir si j’ai des messages sur internet. J’en ai un de Delphine qui me souhaite un bon anniversaire. Je déjeune avec les savoyards, puis je retourne chez Félix. Nous décidons d’aller dès demain récupérer le vérin et le ramener chez Félix. Le soir, nous allons dîner au bord de la route. J’ai dis à Félix qu’il valait mieux qu’il ne nous accompagne pas à Tougan car il est plus utile ici pour régler les problèmes de son camion. Il a l’air vexé. De toute manière, Jacqueline viendra avec nous.

lundi 1 février 1999

La voiture est enfin vendue

Ce matin, je dois déposer la voiture chez Yamba. Je fonce chez Félix pour lui déposer toutes mes affaires. Je vais m’installer chez lui. Comme il habite près du centre ville et n’ayant plus de moyen de locomotion, ce sera plus pratique pour moi. Nous passons à la compagnie Sabena pour me renseigner sur les vols de retour. J’en trouve un pour le 11 février. Puis, je passe chez Yamba. Après un passage à la police et à l’expertise, il me paye le solde. Je lui laisse la voiture. Cita va déposer l’argent dans une banque de quartier. C’est plus sûr. Avec Thierry et Yannick, nous décidons d’aller à Tougan mercredi prochain. Après, nous irons à Bobo car le père de Maïssata a l’air intéressé pour acheter le minibus de Thierry. Nous passons l’après-midi à boire des bières chez Jacqueline. Pour dîner, nous allons manger un excellent poulet à la braise avec Jean de dieu, sa femme, Félix, Cita, Thierry, Yannick et moi au bord du goudron. Je me couche vers minuit complètement crevé.

dimanche 31 janvier 1999

Le départ de Philippe

Félix passe me chercher vers 10 heures. Je téléphone aux parents à Bordeaux pour prendre des nouvelles de papa. Ca ne répond pas. Ils ont dû repartir à Tananarive. Nous rencontrons les deux types qui étaient chargés de vendre le vérin de Félix à la buvette de Jacqueline. Le ton de la discussion est monté d’un cran. Nous avons exigé de voir le vérin aujourd’hui et demandé qu’il soit transporté au plus vite chez Félix. Ils n’ont pas l’air content. Félix est trop gentil et parfois un peu trop naïf. Finalement, nous pouvons voir le vérin entreposé dans un garage ce qui nous rassure un peu. Je retrouve mes amis savoyards à leur hôtel. Ils sont tous crevés à cause de la soirée d’hier. Je retourne à la case de passage où je regarde un film sur canal horizon. Je règle mes nuits et mes petits déjeuners. Je passe chercher Philippe, le suisse, pour qu’il me créé une adresse internet sur Hotmail. Nous faisons cela sur l’ordinateur de Banagoun. Le soir, on se retrouve tous à l’aéroport pour le départ de Philippe. Il est sur une liste d’attente et il n’y a plus de place. Il est obligé de se payer un billet sur Air France en tarif plein. Ca douille mais il doit rentrer impérativement en Suisse à cause de son boulot.

samedi 30 janvier 1999

Soirée dansante au Harlem

Je me réveille avec un sacré mal de crâne. Je passe chercher les savoyards à leur hôtel. Philippe, le suisse, n’est pas bien, il a vomi toute la nuit. Félix est venu avec moi pour régler un problème du démarreur de leur camionnette. Nous passons à la buvette de Jacqueline avec Thierry et Yannick. Ils n’ont pas l’habitude de fréquenter le milieu africain. Ils sont ravis. Nous passons chercher Philippe qui va un peu mieux, puis nous allons rendre une petite visite à Issouf Compaoré et Banagoun. Issouf nous réserve un accueil chaleureux, comme d’habitude. Nous nous remémorons notre dernier voyage avec Philippe Heusèle et les filles. Il compte passer en France pour enregistrer un disque. Banagoun est sorti, je lui laisse un petit mot pour lui proposer de venir nous rejoindre au Harlem ce soir. Retour à la Fontaine Bleue où nous dégustons un filet à la sauce marchand de vin, délicieux. Augustin, sa femme et Maïssata nous rejoignent puis nous allons au Harlem où la famille Drabo nous attend. Nous faisons la java jusqu’à 3 heures du matin. Discrètement, Félix demande au chanteur de faire une annonce au micro afin de me souhaiter la bienvenue à moi qui a fait 8 000 kilomètres à travers le désert pour venir au Burkina. Je suis touché par l’intention. C’est sympa. Nous faisons une photo de groupe. Tout le monde s’est bien amusé. Félix me raccompagne avec ma voiture à la case et repart raccompagner toute sa petite famille chez lui.

vendredi 29 janvier 1999

Les savoyards

Sur la route de Gonghin, je rencontre Félix qui fait réparer son minibus. Il m’informe que Maïssata a téléphoné et souhaite qu’on aille la chercher. Je passe au bureau de Yamba qui est en séminaire. Je repasserai ce soir. Je vais boire un coup chez Jacqueline. J’en profite pour prendre une photo de sa buvette. Je vais chercher Maïssata à la gare routière, puis nous nous rendons à la Fontaine Bleue pour retrouver Philippe, Thierry et Yannick, les savoyards. Félix nous retrouvera là-bas. Tous ensemble, nous allons déjeuner dans un resto africain. Je retourne chez Yamba qui me fait une avance moyennant quoi je peux garder la voiture tout le week-end. Le soir, je mange un super steak tartare avec les savoyards à la Fontaine Bleue. Nous finissons la soirée au Harlem, une boite sympa avec orchestre et super ambiance. Philippe rentre à pied parce qu’il a repéré une gonzesse. Il est très branché cul.

jeudi 28 janvier 1999

Rencontre de Maïssata à Pô

Nous partons pour Pô au levé du jour afin de faire toutes les démarches dans la matinée. La route est longue et monotone. C’est Augustin qui conduit. A la douane, tout se passe bien. Pendant que nous attendons la rédaction des papiers, nous rencontrons Maïssata, une chauffeuse de gros camions que connaît Augustin. Elle travaille actuellement pour un transporteur ghanéen. Nous discutons avec elle devant un verre de bière. L’histoire de sa vie est tellement intéressante que je lui propose d’en parler dès mon retour en France à une chaîne de télévision. Elle est ravie de l’idée. Nous décidons de nous revoir à Ouaga pour prendre quelques photos d’elle et de son camion. De retour à Ouaga, je propose à Félix de m’accompagner voir Maïssata qui arrive en même temps que nous à la gare routière des camions. On promet de se voir le lendemain. Yamba souhaiterait me voir demain à 7 heures à son bureau pour terminer la vente. Comme ça ne m’arrange pas je fais décaler le rendez-vous. Les savoyards rencontrés à Kayes viennent d’arriver à Ouaga. Nous convenons d’un rendez-vous demain à midi à leur hôtel. Le soir, j’invite Noëlla et Jacqueline à dîner dans le resto chic près de la délégation. Elles sont enchantées.

mercredi 27 janvier 1999

L’Acquis

Augustin passe à la case le matin pour emmener la voiture à la police. Il revient deux heures plus tard avec l’attestation signée de la police. Maintenant, il reste à régler un problème important, c’est l’Acquis. Il est indispensable d’aller à la frontière la plus proche pour obtenir un papier remplaçant mon laissez-passer touristique et me permettant de vendre mon véhicule. Nous décidons d’aller à Po près de la frontière ghanéenne demain dès la première heure.

mardi 26 janvier 1999

La visite chez le mécano

Je passe avec Augustin chez le mécano pour faire expertiser la voiture. Le chef ne voit rien d’anormal et appelle Yamba, le directeur, pour lui confirmer que la voiture est en bon état. Yamba demande à Augustin d’aller demain à la police pour vérifier auprès d’interpole que le véhicule n’est pas volé.

lundi 25 janvier 1999

Des acheteurs potentiels

Petit déjeuner à la case où je discute un moment avec un irlandais très sympa. Je passe chez à l’agence de Nouvelles Frontières pour voir les disponibilités des places pour l’avion de retour. Tout est complet jusqu’au 17 mars. Ca promet. Je vais déjeuner avec Eric de Dano dans un super resto tenu par une française près de la délégation de l’AFVP. C’est super bon mais un peu cher. Le gardien de la case veut me faire rencontrer des éventuels acheteurs pour ma voiture. Pourquoi pas. Augustin, un ami de Félix, me fait savoir que son directeur serait peut-être intéressé lui aussi. Nous passons le soir même lui montrer le véhicule. Ca a l’air d’accrocher. Il me demande d’aller la montrer à son garagiste demain afin qu’il donne son avis. Philippe Heusèle téléphone chez Félix et nous donne des nouvelles.

dimanche 24 janvier 1999

Le camion

Nous avons rendez-vous à 10 heures pour aller voir le camion qui est garé chez des démarcheurs qu’a trouvé Franck dans un bar. Félix est inquiet car il n’a pas confiance en ces types. Normalement ils doivent s’occuper du dédouanement du camion. Ils ont soi-disant un projet à Dori où ils auraient besoin du camion pour faire du transport de matériaux. Moi, ils ne m’inspirent pas confiance du tout. Finalement, nous pouvons voir le camion. Il a apparemment pas mal roulé alors qu’il aurait dû rester en stationnement. J’ai l’impression qu’ils s’en servent sans le dire à Félix. On ne peut pas voir le vérin que Félix espère vendre pour payer le dédouanement car ils l’ont déposé dans un garage pour pouvoir l’exposer à la vue d’acheteurs potentiels. Nous continuons chez Banagoun et Cécile. Leurs filles sont toujours aussi ravissantes. Nous parlons un peu de politique. Banagoun ne porte apparemment pas le gouvernement actuel dans son cœur. Je raccompagne Félix qui a mal à la tête et rentre à la case de passage des VP pour prendre une douche. La case a bien changé. Maintenant il y a la télé, le magnétoscope et des chambres individuelles. J’y retrouve Eric, le VP de Dano que nous avions rencontré l’année dernière. Il n’a pas changé. Je retourne chez Félix que je retrouve au bar de Jacqueline et qui discute avec Jean de dieu, un ami à lui. Ce dernier à l’air intéressé par ma voiture mais il n’a pas beaucoup d’argent. On verra bien. Félix a l’air de me faire la gueule parce que je ne suis pas resté chez lui. Je l’invite avec Cita à venir manger des brochettes sur le bord de la route. Il n’arrête pas de se plaindre des conditions de son voyage. Il est gonflé, on lui a tout payé. Il pourrait au moins nous remercier. Je rentre dormir à la case.

samedi 23 janvier 1999

Ouagadougou

Edwige a fréquemment des malaises. Elle s'évanouit régulièrement. Je propose à Félix d’aller voir le médecin de l’ambassade de France. Ce dernier nous refuse la consultation, car dit-il, il n’a pas le droit de faire de la concurrence aux médecins burkinabés. Nous passons donc dans une pharmacie qui nous conseille d’aller voir un spécialiste ou le père César qui soigne de manière traditionnelle avec des plantes locales. En chemin, nous apercevons le sénateur français Monory qui est en voyage officiel. Il est vraiment très vieux. Il a l’air de mal supporter la chaleur. Je passe à la case de passage de l’AFVP pour voir s’il y a de la place. Je compte venir y dormir demain car je ne veux pas abuser de l’hospitalité de Félix et je me sentirai plus à mon aise. Nous passons voir d’éventuels acheteurs pour la voiture. Nous laissons nos coordonnées. Nous allons prendre une bière à la buvette de Jacqueline. Après, je fais une sieste pendant que Félix met à jour ses factures. Il a beaucoup de retard. Le soir, j’invite toute la famille de Félix à manger du poisson dans un resto africain en plein air près de l’aéroport.

vendredi 22 janvier 1999

La route de Ouaga

Je prends mon petit déjeuner à l’hôtel. J’envoie les cartes postales et passe dire au revoir à Léonie. Je pars de Bobo vers midi. La route est toujours aussi belle mais monotone. Je m’arrête manger un morceau à Boromo où je rencontre un suisse allemand architecte qui fait des interviews et enquêtes sociologiques avec un petit magnéto numérique. Nous discutons un peu puis je reprends la route avec un stoppeur. C’est un amateur de djembé. Il voudrait devenir musicien plus tard. Près du pont qui enjambe la Volta noire, nous tentons d’apercevoir les éléphants. Ils passent souvent à cet endroit. Mais sans succès. Nous arrivons à Ouaga vers 18 heures. Il y a plein de policiers équipés de matraques à tous les coins de rue. Tout est fermé et le marché est vide. C’est assez impressionnant. Je dépose mon stoppeur et me dirige vers la maison de Félix que j’arrive à trouver assez facilement. Ils m’attendaient tous. Il y a Félix, Noëlla, Jacqueline, ses sœurs, Cita, sa copine, et Edwige, Emilie, Angélique, ses filles. Les retrouvailles sont chaleureuses. Je reste dîner et dormir. Félix me raconte la suite de leur voyage avec toute leurs mésaventures. En fait, Georges et Yvan ont cassé leur voiture à une centaine de kilomètres de Nouakchott et Franck leur a proposé de monter leur véhicule dans le camion jusqu’à Ouaga. Ils ont roulé presque sans s’arrêter jusqu’à Zaba. Apparemment, ça ne s’est pas très bien passé avec Georges qui était pénible. Finalement, je crois que j’ai bien fait de les quitter en cours de route. Félix me montre les photos du voyage puis nous allons nous coucher.

jeudi 21 janvier 1999

Bobo-Dioulasso

Je ne retrouve plus ma montre, j’ai du la perdre quelque part. Je ne sais donc pas quelle heure il est lorsque je me réveille. Il doit être tôt car j’entends la sirène. Je prends mon petit déjeuner dans une buvette juste en face de l’hôtel. Je vais à la poste pour acheter des timbres. J’ai une grande discussion politique avec la préposée aux timbres sur les événements du moment. Je retourne chez Léonie qui me propose de l’accompagner chercher du carrelage pour sa chambre et sa salle de bain. Les choix du magasin ne sont vraiment pas terribles. Je la quitte et vais déjeuner au resto de l’Entente où je déguste un avocat crevette et une brochette. Je passe chez un réparateur de pneu pour faire réparer ma roue. Elle est percée de partout. Il faudra s’en passer. Je la garde tout de même, on ne sait jamais. J’achète des cartes postales en batik. Je vais dîner à l’Entente Plus, le nouveau nom du Mackno, qui me rappelle de vieux souvenirs bien sympas. Je discute avec l’ancien gardien qui connaissait très bien Michel l’ancien propriétaire, une vieille connaissance. Il est mort de maladie inconnue il y a cinq ans. Dommage, il était bien sympa. En retournant à l’hôtel, je reconnais Philippe et Thierry, deux des français qui ont fait le voyage sur la plate-forme du train à Kayes. Ils ont loué une villa à quelques kilomètres de Bobo. Ils me proposent de les suivre là-bas pour venir boire une bière. J’accepte. Ils sont tous là. L’ambiance est sympa. L’un deux a fait une grande partie du voyage à vélo. Je les quitte tard dans la nuit. J’espère pouvoir partir demain pour Ouagadougou malgré la journée "ville morte" organisée par les syndicats.

mercredi 20 janvier 1999

La frontière burkinabé

Je me lève à 5 heures du mat. Je prends une douche et prépare mes affaires pour le départ en essayant de ne pas réveiller Cyril. Dehors, il fait nuit. Le gardien est à peine réveillé. Il n’y a personne dans les rues de Bamako. Je m’arrête prendre de l’essence dans une station service toute neuve. Sur la route, j’ai droit à un beau levé de soleil. Aux barrages routiers, je fais un grand signe de la main et les flics me font signe de passer. La végétation devient de plus en plus verdoyante. Je préfère passer par la route du sud qui est moins fréquentée que par celle de Ségou. Elle est goudronnée jusqu’à Sikasso. A Sikasso, un policier me demande mes papiers. Il a l’air contrarié car il ne voit rien qui puisse être reprochable. Il finit par me laisser passer. Avant de passer la frontière, je m’arrête déjeuner dans un restaurant où je mange une omelette et des frites. A coté de ma table, deux touristes belges se font baratiner par un faux guide du type rasta. De Sikasso à la frontière, il faut se taper 44 kilomètres de piste moyenne. Le passage de la police malienne se déroule sans problème. Un policier me demande même de passer devant tout le monde. A la douane malienne, c’est à peine si je ne réveille pas le douanier qui dormait paisiblement. Il me réclame mon passavant et retourne se coucher. Je retrouve le goudron et j’arrive enfin à Koloko au Burkina Faso. Le douanier burkinabé est super sympa. Il me souhaite la bienvenue au Burkina. Même accueil à la police. J’ai l’impression de retrouver un pays civilisé. Il me donne mon laisser-passer touristique pour une durée d’un mois. La route est toute neuve jusqu’à Bobo. Finalement, j’aurai mis moins de temps que prévu. Arrivé à Bobo-Dioulasso, je suis surpris de ne pas voir grand monde dans les rues. J’apprendrai plus tard qu’il y a une grève générale pour protester contre la mort suspecte d’un journaliste. Je retrouve avec un peu de mal la maison de Francis et Léonie. L’accueil est plutôt froid. Francis n’est pas là. Il est en mission en Guinée. Léonie est plus préoccupée par les travaux de sa chambre que par mon arrivée Le fiston, Gaël, est carrément casse-couille. En sortant de chez eux, je m’aperçois que j’ai crevé une roue. Décidément, j’ai des pneus de mauvaise qualité. Je le change. Finalement, je vais aller passer la nuit à l’hôtel car Léonie ne me le propose pas. Dans le centre ville, à l’hôtel de l’Entente, je trouve une chambre au deuxième étage avec balcon et vue sur la ville pour un prix modique. Il faudra que je mette une moustiquaire car ça pullule de moustiques. Je vais dîner seul au restaurant de l’hôtel puis je vais me coucher.

mardi 19 janvier 1999

La réception de l’AFVP

J’arrive enfin à joindre Sangaré qui me propose de m’aider à obtenir les pièces administratives qui me manquent. Je vais le chercher à son foyer où il me présente le commandant de gendarmerie. Tout d’abord, nous passons aux douanes pour obtenir mon passavant. Puis nous passons à l’assurance pour prolonger la mienne de 15 jours. Enfin, nous passons à la banque pour retirer de l’argent avec ma carte visa. Malheureusement, ça ferme à midi et nous arrivons trop tard. Je décide alors d’aller changer mes traveller’s chèques qui ne me serviront plus à l’hôtel de l’Amitié. Sur la route, nous rencontrons Cyril qui marchait sur le chemin de la case. Nous le prenons avec nous en voiture. Sangaré me fait visiter l’état major de la gendarmerie. Je serre les fesses. On ne peut pas dire que c’est un endroit que j’apprécie particulièrement. Nous allons déjeuner un riz gras dans un boui-boui sénégalais. Cyril retrouve un couple de français qu’il a rencontré à Dakar. Nous le laissons et partons au bureau de Sangaré où il me fait une lettre de complaisance demandant au destinataire de faciliter mon voyage. Je ne sais pas si cela servira à quelque chose mais en tout cas c’est gentil de sa part. Nous nous disons au revoir et je lui offre un peu d’argent pour son mariage. Le soir, nous assistons à une réception qu’a organisé le directeur général de l’AFVP pour clore le séminaire qui rassemblait tous les responsables administratifs et financiers de l’ONG. Il y a pas mal de monde et j’en profite pour avoir des nouvelles de Gilbert, mon ancien directeur à Ouaga. Il parait qu’il est en ce moment à Nouakchott. Moi qui le croyais en retraite. Je rencontre aussi le représentant de Madagascar. Nous discutons un peu et promettons de nous revoir à Tana. Nous saluons le ministre de l’éducation qui a travaillé avant à Linas. Nous avons un fou rire lorsque Cyril se présente en tant que volontaire spécialisé dans le djembé. La soirée se termine vers 22 heures. On a bien mangé et bien bu. Merci l’AFVP. Nous discutons avec un couple de volontaires de Kayes qui reviennent d’un voyage en France. Il parait qu’il fait froid. Cyril aimerait bien venir avec moi à Bobo, mais il n’a pas son visa et il est à court d’argent. Peut-être nous retrouvons-nous là-bas.

lundi 18 janvier 1999

Ma voiture est arrivée

Mohammed m’apporte de bonnes nouvelles au téléphone. La voiture est bien partie samedi soir. Normalement, elle devrait être arrivée à Bamako. Je le remercie et pars à la gare avec Arbi. La voiture est bien là. Le chef du déchargement me promet moyennant finance que la voiture sera descendue à 15 heures. Nous passons au foyer de gendarmerie pour voir si Sangaré n’est pas là. Pas de chance, il vient juste de sortir. Je lui laisse un mot en lui disant que je le rappellerai plus tard. Nous retournons à la case en taxi minibus. Nous allons déjeuner à l’Ali Baba juste à coté de la gare avec Laurent et Cyril. Nous prenons de très bons shawarnas et des gâteaux pour le désert. Je suis tellement content de récupérer ma voiture que j’offre le repas. Tout le monde et surtout les enfants se sont endimanchés car aujourd’hui, c’est la fête de la fin du ramadan. Les filles sont très jolies. A 15 heures, nous passons à la gare. Ils sont en train de descendre ma voiture. C’est impressionnant. Ils mettent deux tôles pour servir de rampe, et le tour est joué. Nous retournons à la case en espérant que les flics ne nous arrêtent pas car mon assurance n’est plus valable. Le gardien me propose de laver la voiture, intérieur et extérieur. Elle en a bien besoin. Le soir nous allons dîner au Relax d’excellentes brochettes. Il y a une ambiance de fête. C’est sûrement l’endroit où se retrouvent les coopérants et les libanais. Nous finissons la soirée dans une boîte où ils passent de la très bonne musique jazz. L’endroit est agréable et les filles magnifiques. Nous sirotons nos bières en discutant. Que c’est chouette la vie !

dimanche 17 janvier 1999

Visite de Bamako

Je tente de rappeler Sangaré sans résultat. C’est toujours en dérangement. Je décide d’aller faire un tour à pied en ville. Je passe à pied le pont qui traverse le fleuve Niger. Les gens me foutent une paix royale. On m’avait dit qu’il fallait se méfier à Bamako. Je ne me suis jamais senti aussi tranquille, un peu comme à Ouaga. Demain, c’est la fin du ramadan. La plus part des gens vont faire des achats pour faire la fête. Il y a énormément de monde au marché. J’achète deux chemises en coton qui me vont parfaitement. Je croise par hasard un malien qui avait fait la traversée du désert avec nous. Nous avons à peine le temps de discuter. Je cherche en vain un resto où je pourrai manger un morceau et surtout boire une bonne bière bien fraîche car il fait chaud. J’ai beau chercher, je ne trouve rien. C’est le problème des pays musulmans. Finalement, j’atterris à l’hôtel de l’Amitié qui est un des plus grands hôtels de Bamako. La bière est trois fois plus chère qu’ailleurs, mais ils me rétorquent qu’ici je peux profiter de la climatisation. A ce prix, je la déguste. Je retourne à la case à pied. Ca me fait du bien de marcher un peu. Je mange une boite de cassoulet que j’ai acheté la veille chez le libanais d’à coté. Quand on a faim, c’est bon. On se visionne une cassette vidéo d’un polar américain pas si mal. Dans la soirée, arrive Laurent, un volontaire qui travaille au GRDR à Kayes. Il rentre en France bientôt pour prendre quelques jours de congés.

samedi 16 janvier 1999

La voiture n’a pas bougé

Je prends mon petit déjeuner avec Cyril et deux autres maliens qui travaillent à l’AFVP en tant qu’encadreurs. Je vais téléphoner dans une cabine à Mohammed pour savoir où en est ma voiture. Il m’informe que la plate-forme n’a bougé que de quelques mètres. Je le rappellerai demain pour voir s’il y a du nouveau. Je tente de joindre Sangaré au téléphone mais il n’est pas là. Je laisse un message. Je le rappellerai ce soir. Je vais déjeuner avec Arbi, l’un des encadreurs, dans le même boui-boui qu’hier soir. C’est long. Je passe le reste de l’après-midi à la case à discuter avec Cyril et Arbi. Nous regardons la télévision. Arbi nous fait à manger puis je vais me coucher.

vendredi 15 janvier 1999

Voyage en train

Je me lève à 6 heures en espérant prendre enfin mon train aujourd’hui. J’ai l’impression que cette ville est maudite et qu’il y a des mauvais esprits qui font tout pour m’empêcher de partir. Mohammed arrive avec le billet de train. Il m’accompagne à la gare avec sa moto. Je lui fais mes adieux et monte dans le train. Juste avant de partir, je vais vérifier auprès du chef de mouvement que ma voiture doit partir d’ici peu. Ce con m’annonce qu’il avait décidé de bloquer la plate-forme qu’il destinait à d’autres véhicules En fait, il veut emmerder Jagger qui lui aurait piqué ce wagon. Je le supplie de faire le nécessaire rapidement en lui expliquant que mon visa expirait bientôt. Ce qui était vrai. Il consent à prendre ma demande en considération et me promet qu’elle partira ce soir. Je n’y crois pas vraiment mais de toute manière, je n’ai pas le choix. Le train part et il faut que je courre après pour monter dedans. En remontant le couloir pour regagner ma place, je tombe sur Sangaré, le gendarme que j’avais pris en stop. Nous discutons un peu et finalement je vais chercher mon sac pour m’asseoir à coté de lui. Il va se marier dans peu de temps avec une fille de Kita qui voyage avec nous. Sa première femme est partie et il faut quelqu’un pour s’occuper de ses enfants. Les paysages sont superbes. Il y a des collines et des canyons. L’ambiance dans le train est très bonne. Le train avance plus vite que je ne me l’imaginais. A chaque arrêt, nous sommes envahis de petits vendeurs. Il y a de tout à acheter. Des fruits, de l’eau, des volailles, des cigarettes et de la viande. Comme j’avais emmené de quoi manger, nous partageons nos provisions. Sangaré m’apprend qu’il a le même âge que moi à quelques jours près. Nous croisons le train qui vient de Bamako à Kita seulement. Il doit être très en retard. Sangaré me propose de m’aider dans mes tractations administratives dès demain. De plus, il a des relations à la gare de Kayes qui peuvent m’aider si la voiture n’est pas encore partie. Après 11 heures de voyage, nous arrivons enfin à Bamako vers 20 heures. Il était temps, je commençais à en avoir un peu marre. Il y a une foule immense à l’arrivée. Je suis Sangaré qui est habillé en tenu de gendarme. Ca décourage les petits voleurs. Nous prenons un taxi qui raccompagne Sangaré à son foyer puis m’emmène à la case de passage de l’AFVP qui se trouve de l’autre coté du vieux pont des martyrs. Je trouve facilement l’endroit. Je me retrouve dans une chambre où loge déjà un jeune français, Cyril, qui est venu au Mali pour apprendre le djembé. Il a une boucle d’oreille dans l’un de ses sourcils. Il a l’air sympa. Je prends une douche chaude, c’est très agréable. Je vais à pied manger dans un petit boui-boui avec un type qui discutait avec le gardien de la case. Au menu, petits monceaux de rognons pas mauvais du tout et une bière. Je retourne me coucher à la case.

jeudi 14 janvier 1999

Départ raté

Je me lève à 5 heures. Je dois prendre l’express qui vient de Dakar. Mohammed me prévient qu’il aura du retard car il y a eu un déraillement sur la voie du coté sénégalais. C’est assez fréquent. Nous avons la confirmation à la gare. Le train ne sera pas là avant ce soir. Ma voiture n’a pas bougé de place. Jagger est un con, dixit Mohammed. Je vais voir à l’aérodrome si par hasard, il reste de la place sur le vol de ce matin. Un groupe de vieux retraités français attend en compagnie d’un évêque africain du coin. Ils sont venus faire un pèlerinage en souvenir de leur frère missionnaire mort il y a peu. Ils me racontent l’Afrique des années coloniales. Comme il n’y a pas de place, l’avion part sans moi. De toute manière c’était un peu trop cher. A midi, nous mangeons les boîtes de conserves de maïs et mayonnaise que j’avais acheté pour le voyage. Je vais me renseigner sur l’heure d’arrivée du train. Il est prévu vers 17 heures. J’en profite pour aller boire une bière à l’hôtel du Rail où je rencontre deux français et un béninois qui viennent de traverser le désert. Il me confirme le très mauvais état de la piste de Néma. Félix et Franck qui sont passés par là ont dû souffrir. L’un d’eux est breton et veut repartir ce soir à Dakar pour reprendre son avion. Il n’a pas l’air très à son aise et il a une peur bleue du paludisme. Vers 18 heures, je vais me renseigner sur l’arrivée du train. Il est là depuis une heure et va repartir incessamment. C’est la panique. Je vais chercher mes affaires à la radio et me précipite au guichet pour retirer mon billet. Pas de chance, le guichet est fermé. Sur le quai, le contrôleur m’informe qu’il n’y a plus de place mais peut peut-être me trouver une place si je consens à payer un peu plus cher. Tant pis, je prendrai celui de demain. Il y aura sûrement plus de place. Je rentre à pied à la radio avec mon sac sur le dos. Je propose à Mohammed d’aller dîner en ville avec moi. Nous mangeons un excellent capitaine dans un petit boui-boui. Mohammed en profite pour regarder les pronostics du tiercé. C’est un grand joueur qui a souvent gagné. Beaucoup de gens lui demande des tuyaux. Je dors tout habillé car j’ai la flemme de défaire mon sac.

mercredi 13 janvier 1999

Retrouvailles d'Ibrahim

La nuit a été dure car un moustique s’est glissé dans ma moustiquaire. Sans conviction, je passe à la gare pour voir s’il y a de l’espoir. Des promesses, rien de plus. Je continue rendre une petite visite au GRDR, une ONG où je suis venu faire une mission il y a dix ans. Là, je rencontre un jeune volontaire assez cool. Je lui demande des nouvelles de Modibo, un géomètre avec qui j’ai suis allé en mission à Yélimané dans le nord près de la frontière mauritanienne et d’Ibrahim Traore que j’ai rencontré en formation à Paris. Il charge un chauffeur de m’accompagner chez Modibo. Nous rencontrons sa femme et sa mère. Malheureusement, il est parti faire des relevés en brousse. Je lui laisse un petit mot. Sur le chemin du retour, nous rencontrons Ibrahim. Il a un peu vieilli, mais je le reconnais tout de même. Lui ne me reconnaît pas tout de suite. Nous nous rappelons nos souvenirs. Il me donne des nouvelles de Jean Louis Couture qu’il faudra que je rappelle en France. Je repasse à la gare avec un mécano du GRDR qui connaît les personnes qu’il faut rencontrer. Il a déjà passé quatre jours sur la plate-forme et dit que c’est épuisant. Nous trouvons Jagger qui nous affirme que la plate-forme sera prête cet après-midi. S’agit-il encore d’une promesse en l’air. On verra bien. De retour à la radio, je retrouve les hollandais qui devaient partir aujourd’hui, mais leur voiture est tombée en panne. Ils attendent un véhicule de rechange. A 16 heures, un type de la gare vient me chercher pour monter la voiture sur le train. Elle racle un peu sur la passerelle mais ça passe. Finalement, j’ai décidé de confier la voiture à un jeune convoyeur et de prendre le train de voyageur plus confortable qui part demain matin. Je préfère attendre à Bamako plutôt qu’ici où il n’y a pas grand chose à faire. Je règle mes nuits et la bouffe à Mohammed. Je lui laisse une chemise, un tee-shirt et un vieil autoradio. Je vais me coucher tôt car la nuit sera courte.

mardi 12 janvier 1999

Coincé à Kayes

Je décide de réparer les haut-parleurs de la voiture car le son est assez mauvais. Ils étaient mal fixés. Le mécanicien vient vérifier la voiture. Il a l’air plutôt satisfait de l’état général. Le directeur prétextant un manque d’argent immédiat m’annonce qu’il ne donnera sans doute pas suite à sa proposition d’achat. Je retourne à la gare. Les français ne sont plus là, ils ont dû enfin partir. Je retrouve Jagger qui a des difficultés à me trouver une plate-forme de libre. J’ai l’impression qu’il ne maîtrise pas grand chose. Je continue en ville pour aller acheter des timbres à la poste. Je retrouve le gendarme que j’avais pris en stop le premier jour. Il me propose ses services pour m’aider à trouver une place sur le train. Je le remercie pensant que les choses finiront bien par s’arranger. En chemin, je m’arrête au nouveau pont que construisent les espagnols au-dessus du Sénégal. Je fais la connaissance du maire de Kayes qui vient visiter le chantier. L’inauguration est prévue dans peu de temps. C’est un pont à péage. L’ancien passage du fleuve est une route à guet inondée la plus part du temps. Le centre ville est plein de vieilles bâtisses coloniales. J’y reviendrai pour prendre des photos. Je passe au marché pour acheter de la lessive. J’en profite pour laver du linge à la radio et de bouquiner un peu. Je commence à songer à un repli vers le Sénégal plutôt que d’attendre bêtement ici. J’espère que les nouvelles seront meilleures demain.

lundi 11 janvier 1999

Un acquéreur pour acheter ma voiture

Mohammed, croyant bien faire, me réveille à 7 heures. Dur. Je vais retrouver les français toujours bloqués sur le train. Ils en ont plus que marre. Il n’y a pas grand chose à faire dans ce coin. Je rencontre enfin le fameux Jagger qui s’occupe du transport des voitures. Il a la tête d’un brigand sympa. Il me propose de mettre ma voiture sur la plate-forme moyennant un surcoût important pour déplacer les deux autres véhicules s’y trouvant déjà. Je refuse la proposition. D’abord, je ne suis pas si pressé que ça et en plus, j’ai peut-être un acquéreur potentiel pour vendre la voiture. Nous allons aux bureaux de la gare pour voir le chef de mouvement et lui demander la confirmation que le train part bien aujourd’hui. Il promet un départ en début d’après-midi. Je n’ai aucune confiance en ces types, ils ont l’air aussi pourris les uns que les autres. Je vais acheter des cartes postales et quelques courses avant de retourner déjeuner avec Mohammed. Il me confirme que le directeur de la radio est intéressé par la voiture. Vu les difficultés à prendre le train, ce n’est peut-être pas une mauvaise solution de la vendre. Nous passons le voir en début d’après-midi. Il a l’air intéressé. Il repassera ce soir avec un mécanicien pour voir l’état du moteur. Je retourne à pied voir les français. Ca bouge un peu, la locomotive prépare le convoi. Les français reprennent espoir. Leur plate-forme est placée juste devant un wagon de chevaux de course. Je constate que des petits voleurs m’observent de loin. Un type, gentiment, me raccompagne à la radio. Je dîne avec les hollandais un très bon couscous qu’a préparé Mohammed. Le directeur passe rapidement et m’informe qu’il repassera plus tard. Dans la nuit, trois français bordelais à peine aimables débarquent pour repartir le lendemain matin pour le Sénégal. Grâce à l’installation de la moustiquaire, je peux dormir sans me réveiller dans la nuit.

dimanche 10 janvier 1999

Kayes

Mohammed a préparé mon petit déjeuner. Je lui donne un peu d’argent pour qu’il puisse acheter de quoi faire le repas de midi. Le pneu arrière de ma voiture est crevé. Il n’a sans doute pas apprécié la piste d’hier. Je pars donc le faire réparer. Le petit réparateur de pneu me fait voir que le pneu est foutu. Heureusement que j’en ai quatre de rechange. Il me propose de me trouver un acquéreur pour l’achat des deux autres roues de secours dont je n’aurai plus besoin. Malgré plusieurs contacts, cela ne donne pas grand chose. Au moins, ça m’aura fait visiter la ville. Je vais à la gare pour trouver une place sur le train. J’y trouve quatre français et un suisse qui attendent sur la plate-forme d’un wagon depuis deux jours. A chaque fois, on leur promet un départ pour le lendemain. Ils commencent à en avoir marre d’attendre. Ils me conseillent d’aller faire viser mon passeport à la police. Au commissariat, les flics m’obligent à prendre une assurance hors de prix. Ils doivent sûrement toucher dessus. Je retourne à la radio où Mohammed m’a préparé un super repas. De l’omelette et une bière. A 14 heures, je vais récupérer ma carte grise et mon attestation d’assurance chez les flics. Puis je retourne à la gare pour me renseigner sur le coût d’une place pour ma voiture sur la plate-forme d’un wagon. La piste pour se rendre à Bamako est très mauvaise et je ne me sens pas le courage de la faire tout seul. Il n’y a rien d’urgent car le train ne partira sûrement pas ce soir. Je leur demande de venir à la radio locale m’avertir avant le départ. Je dîne avec les hollandais. Mohammed nous a fait des frites. J’ai mal dormi à cause des moustiques. Demain, il faudra que je mette la moustiquaire.

samedi 9 janvier 1999

La frontière malienne

Je prends un petit déjeuner copieux avant de reprendre la route vers la frontière malienne. Je donne deux serviettes qui me restaient des affaires de Xavier à deux enfants dans la rue. Ils ont l’air ravi. Maintenant, j’ai une foule de bambins qui me courent après pour récupérer autre chose. J’achète deux bouteilles d’eau et un paquet de gâteaux pour la route. La piste est plutôt bonne. Ils sont en train de la refaire pour la goudronner. Par endroit, c’est presque aussi bon que du goudron. Il y a cependant quelques portions bien abîmées. Je croise peu de véhicule. Il y a par endroit des déviations à cause des travaux. J’ai du mal à doubler les gros camions qui m’envoient de la poussière. Les 40 derniers kilomètres sont bitumés. A la frontière, les douaniers et policiers sénégalais ne me font aucune difficulté. Je passe le grand pont qui franchit le fleuve Sénégal et sert de frontière. Le douanier malien est très gentil. Je paye pour le laisser-passer touristique de la voiture. Il ne fouille même pas la voiture. Puis il m’indique le poste de police pour aller faire viser mon passeport. Il est situé un peu à l’écart de la route, à coté de la voie ferrée. Là, l’ambiance est beaucoup moins sympathique. Ces cons de flics me réclament une amande pour défaut d’assurance en prétextant que celle que j’ai n’est pas valable au Mali. Je refuse sur le principe de l’amende. Ils n’ont qu’à m’en proposer une autre. Après une heure d’attente et de palabre, n’ayant pas d’autre alternative, je finis par céder et payer. Je suis furieux. Ca fait mal au cœur mais c’est comme ça. J’ai l’impression que les flics maliens sont aussi cons que les flics sénégalais. Je reprends la piste qui est assez mauvaise. Il y a de la grosse tôle ondulée et des trous. Je racle le fond de caisse plusieurs fois. Je rencontre des bandes de singes qui traversent la route pour aller boire dans les points d’eau. Arrivé au barrage de police de Kayes, je prends en stop deux gendarmes qui vont au centre ville. L’un d’eux transporte une grosse pastèque. L’autre m’indique la route pour se rendre à l’hôtel du Rail. C’est l’hôtel le plus chic de la ville. Il est très cher et en plus il n’y a plus de chambre. Le réceptionniste me propose d’aller voir à la radio rurale près de l’aérodrome. Parfois, ils louent des chambres. Avant je vais me dessécher le gosier en me payant une bière à la buvette de l’hôtel. Lorsque j’arrive à la radio, je suis surpris de retrouver l’endroit où j’avais dormi dix ans auparavant. A l’époque, c’était des italiens qui l’habitaient. Ils étaient chargés de mettre en place une radio locale. Le gardien, Mohammed, me reconnaît. C’est incroyable. Il me fait un prix pour la chambre. Nous mangeons ensemble un riz sauce et une pastèque en guise de dessert. Je rencontre un vieux couple de hollandais qui s’occupent d’un projet de barrages au sud de Kayes. Ils sont là pour trois mois seulement. Comme je me suis occupé de projets de barrages au Burkina, nous échangeons des renseignements techniques. Je loge dans la même chambre qu’il y a dix ans. C’est très calme à part le bruit du ventilateur.

vendredi 8 janvier 1999

Tambacounda

Nous nous levons tôt car je dois accompagner Xavier et Line à l’aéroport. Comme nous arrivons un peu en avance, nous prenons un pot avant de nous séparer. Nous échangeons nos adresses, puis je les laisse. Je prends la route de Tambacounda non mécontent de quitter Dakar. Etant tout seul dans la voiture, les flics ne m’arrêtent pas aux barrages. Le trajet est tranquille mais un peu long. La voiture roule très bien mais le siège n’est pas très confortable. La route est bonne malgré quelques nids de poule. J’arrive à Tambacounda en fin d’après-midi. Je suis les panneaux indiquant un hôtel. C’est une espèce de campement avec une grande paillote. Il est relativement cher mais je n’y dormirai qu’une nuit. J’en profite pour prendre une bonne douche, me laver la tête et faire un peu de linge. Je dîne le soir au restaurant de l’hôtel car j’ai la flemme d’aller faire un tour en ville. En plus, c’est bon et j’ai faim. Il n’y a qu’un jeune couple de français et un groupe de jeunes hollandais qui rigolent bien à coté. Je vais me coucher tôt car je suis un peu crevé du voyage. Je me réveille dans la nuit à cause des moustiques. Je mets en marche le ventilateur. J’ai du mal à me rendormir alors, je bouquine un peu.

jeudi 7 janvier 1999

Toubab-Dialo

Nous faisons une bonne grâce matinée, puis petit déjeuner sur la terrasse devant la plage. Avec Xavier, nous démontons le radiateur de la R20 qui fuit sérieusement et le remplaçons par un plus grand qu’il avait emporté en secours. Je garde l’ancien au cas où. J’installe aussi l’autoradio neuf que j’ai acheté à Dakar. Il n’est pas génial mais ça fera l’affaire. Nous faisons un peu de rangement dans le coffre de la voiture. Boris et son ami sénégalais arrivent sur le coup de midi pour déjeuner avec nous. Nous mangeons un excellent poisson au court jus. Nous changeons un peu d’argent avec Boris qui ne sait pas quoi faire de tous les CFA qui lui viennent de la vente de sa voiture. Après ce bon déjeuner, je vais faire une sieste pendant que Xavier et Line vont faire une promenade avec la voiture. Après ma sieste, je vais lire un peu sur une chaise longue face à la mer. L’endroit est paisible. On aurait envie de rester là à glander plusieurs jours. Nous dînons dans la chambre les pâtes lyophilisées qui restent du voyage. Je me réveille en pleine nuit pour aller pisser, j’ai beaucoup de mal à me rendormir.

mercredi 6 janvier 1999

L’arnaque géniale

Nous nous réveillons assez tôt car nous avons rendez-vous avec Boris. Xavier et Line veulent aller visiter l’île de Gorée. Nous les accompagnons au bateau. Si j’ai le temps, je les rejoindrai là-bas. Il faut que je m’occupe des papiers de ma nouvelle voiture. Boris m’aide à trouver le bureau des douanes pour faire prolonger le passavant de la voiture de quinze jours. J’y dépose les papiers de la voiture et mon passeport. Ce sera prêt cet après-midi. Je quitte Boris car il a des affaires à régler. Il faut maintenant que je trouve le siège de l’assurance pour faire corriger la date sur l’attestation. Sur le chemin, un type nommé Alexandre et se disant comptable à l’hôtel Océanique me propose de m’aider à trouver l’adresse. Il a l’air très gentil et j’accepte son aide. Nous trouvons enfin l’immeuble de l’assurance. Le responsable ne peut pas me refaire une attestation car il n’a plus d’exemplaire vierge. Il me propose donc de me corriger la date et d’apposer un tampon dessus. Faute de mieux, j’accepte. J’espère que ça marchera. Alexandre m’informe qu’il n’y a pas de bateaux qui partent pour l’île de Gorée entre midi et 14 heures. Je lui propose donc de m’accompagner au marché. Il accepte si je promets de lui envoyer des cartes postales. Je trouve du tabac à rouler Drum léger auprès de petits vendeurs prêts du port. C’est aussi cher qu’en France. Il n’y a pas moyen de marchander. J’en prends trois paquets, puis on se dirige vers le marché. Ça grouille de monde et je suis un peu sur mes gardes car il faut se méfier des pickpockets et autres voleurs. Nous rencontrons un commerçant qui me tend dans la main une pépite d’or. Il dit qu’il faut qu’il donne ce cadeau au premier étranger qu’il rencontre afin de favoriser le sort de son nouvel enfant qui vient de naître. Il me demande donc d’être un des parrains de sa petite fille et d’assister au baptême qui aura lieu demain. Je lui dis que je suis comblé par l’attention qu’il me porte mais que malheureusement demain, nous devons reprendre la route. Je propose de lui payer un coup à boire. Alexandre connaît un bar d’étudiant où parait-il on y joue de la musique. Nous y allons en taxi collectif. Le bar est désert. Nous discutons un peu, puis ils me jouent le grand jeu d’arnaque. D’abord, Alexandre, profitant de l’absence momentanée du commerçant, me conseille de lui donner 500 francs en guise de présent pour le baptême. C’est une sacré somme. Je consens à lui donner 50 francs en prétextant que je n’ai plus beaucoup d’argent sur moi. Alexandre me demande de rajouter 5 francs qu’il me remboursera à l’hôtel. C’est difficile de refuser. Je commence à trouver ça louche. Je leur dis que je dois partir car j’ai un rendez-vous à l’hôtel. Nous reprenons taxi collectif pour retourner en centre ville. Alexandre propose au commerçant de l’accompagner chez le marabout pour lui certifier que j’ai bien accepté son offrande. Je rentre donc seul à l’hôtel en passant par la grande place de l’indépendance. Par acquis de conscience, je vérifie auprès d’un bijoutier que la pépite est en or. C’est du bronze. Je me suis fait avoir en beauté. Ce coup d’arnaque était génial. Il valait bien les 100 francs. Pour confirmation, je demande à la réceptionniste de l’hôtel si elle connaît Alexandre, le comptable. Non seulement elle ne le connaît pas mais en plus, il n’y a pas de comptable attitré dans cet hôtel. Par contre, elle a déjà entendu parlé de lui par d’autres touristes qui, eux aussi, se sont fait avoir. En attendant Xavier et Line, je m’offre une salade Casamance avec pamplemousse et crevettes accompagnée d’une Gazelle, la bière locale. Mes amis arrivent un peu plus tard. Ils ont passé une bonne journée. Je leur raconte mon aventure. Nous allons ensemble rechercher le passavant puis faire un petit tour en ville. Nous préparons les bagages car nous ne souhaitons pas rester à Dakar. Cette ville est oppressante. Boris nous a parlé d’un petit hôtel à 50 kilomètres au sud de Dakar qui parait-il est très agréable. Nous avons beaucoup de mal à sortir de la ville à cause des gros embouteillages. Nous retrouvons enfin la route de Rufisque. Nous avons peine à trouver l’embranchement qui mène à Toubab-Dialo, un petit village prêt de la mer. Lorsqu’enfin nous arrivons à l’hôtel "Sobo Bede", nous sommes surpris par l’architecture bizarre de ce bâtiment. On ne peut pas dire que c’est typiquement africain, mais son style est quelque peu loufoque. C’est une française et un martiniquais qui l’on construit avec l’aide des jeunes du village. Lui, Gérard, est un peu poète. Ils y consacrent tout leur temps et leur argent. Pour que ce soit rentable, ils en ont fait un hôtel. La nuit n’est pas très chère contrairement au restaurant. Mais il faut reconnaître qu’on y mange très bien. Lors du dîner, nous avons une bonne discussion avec Xavier sur la loi des 35 heures. Je m’endors en écoutant de la musique au Walkman. Le pied…

mardi 5 janvier 1999

La route de Dakar

Après avoir payé le gîte, nous prenons la route de Dakar. La végétation change de plus en plus. Herbes, baobabs, arachides. Le ciel est légèrement voilé, sûrement à cause de la proximité de la mer. Nous rencontrons pas mal de barrages de policiers, à peine corrects. Ils recherchent le petit détail qui ne va pas pour encaisser un petit cadeau d’arrangement. Nous déjeunons dans un petit snack de Mékhé. Comme cela coïncide avec la sortie de l’école, nous avons droit à un attroupement d’élèves autour de nous. A Thiès, nous perdons la route et visitons par erreur le centre ville qui n’a pas grand intérêt. Une espèce de flic nous arrête pour contrôler nos papiers. Il s’aperçoit qu’il y a une erreur sur notre attestation d’assurance. Elle est datée du 3 janvier 1998 au lieu du 3 janvier 1999. Bien entendu, l’occasion est trop belle. Il veut saisir la voiture pour défaut d’assurance. Nous négocions et lui glissons discrètement un petit billet. Il devient soudainement tout gentil. Il nous propose même de nous accompagner jusqu’à la sortie de la ville en contournant le barrage de police de la sortie qui, parait-il, est très pénible. Nous voulons corriger la date à la main pour éviter d’autres ennuis. Mais pas de bol, nous tombons sur un nouveau barrage qui, bien entendu, s’aperçoit de l’erreur. Et rebelote… Il nous laisse finalement passer en nous demandant d’aller régulariser ça à Dakar. Nous n’y manquerons pas. Les faubourgs de Dakar sont plutôt assez misérables. Il y a plein de voitures d’occasion au bord de la route, sans doute venues par bateau. Il y en a tellement que ça doit être difficile de bien vendre son véhicule ici. La circulation en centre ville est infernale. Nous sommes coincés dans les bouchons durant plus d’une heure. J’en profite pour acheter un poste autoradio pas trop cher à un petit vendeur de rue. On trouve enfin l’hôtel Océanique où nous a donné rendez-vous Boris, un ami de Xavier qui habite à Dakar. Boris vient de vendre sa voiture, une 605 à un bon prix. Il est content mais pas très à l’aise car il a sur lui la liasse de billets de la vente. Il nous recommande un autre hôtel un peu moins cher. Le problème, c’est que c’est aussi un bordel. C’est dommage car il avait une jolie cour intérieure. Nous préférons l’hôtel Océanique. On trouve une chambre à trois lits pour pas trop chère. Nous allons dîner dans un nouveau restaurant tenu par d’anciens routards. Dorades grillées et attiéké au menu. Xavier en profite pour parler affaire avec un type qui est intéressé par des vieux bus. Xavier est le patron d’une société de transport de bus et d’une agence de voyage. Il a plusieurs fois traversé le désert par Tamanrasset. Style ancien baba-cool qui a bien réussi. Nous raccompagnons Boris chez son logeur, un sénégalais qui travaille dans les assurances. Nous rentrons à hôtel par la corniche qui, parait-il, est très mal famée, surtout la nuit.

lundi 4 janvier 1999

Visite de Saint Louis

Nous prenons notre petit déjeuner au gîte. Je demande à la femme de ménage de me nettoyer un peu de linge. Le gardien nous fait l’apologie de son métier. Je lui donne un peu d’argent car il a lavé la voiture. Je m’aperçois que j’ai perdu mon petit carnet où j’écris mes notes de voyage. Nous partons faire un tour dans le centre ville. Saint-Louis est une ancienne ville coloniale qui a gardé tout son charme africain. Je prends quelques photos, puis nous cherchons un petit garagiste qui pourrait nous réparer les serrures électriques de la voiture qui sont grippées par le sable. C’est assez gênant pour la fermer. Nous en trouvons un à coté du vieux pont métallique qu’a réalisé Eiffel aux temps des colonies. Nous lui promettons une belle somme d’argent s’il parvient à nous les réparer. Pendant ce temps nous allons faire une petite ballade au cœur de la ville. C’est assez touristique mais nous ne sommes pas embêtés par les petits marchands. Nous prenons un pot à l’hôtel de La Poste où Mermoz et Saint-Exupéry ont logé avant d’effectuer leur traversée de l’atlantique. C’est aussi là que fut tournée une scène du film "Le coup de torchon". Nous allons déjeuner dans un petit restaurant donnant sur la rue principale. Au menu, un très bon poulet yassa. Pour digérer, nous allons nous promener sur la plage des pêcheurs. Il y a une foule de monde, surtout des femmes et des enfants qui attendent à l’ombre des grandes barques le retour des pêcheurs. La plage est assez sale. Beaucoup d’excréments que ne manquent pas de nous faire remarquer les enfants. On passe au marché couvert typiquement africain. Puis nous allons boire un coup dans un snack tenu par des jeunes. C’est fou ce que les gens sont grands et les filles jolies dans cette région. On récupère la voiture qu’ils ont réussi à réparer et nous allons faire un tour sur la lagune. Les plages sont magnifiques. Les dunes sont jonchées de petits hôtels assez chics tenus surtout par des blancs. De retour au gîte, nous tentons de négocier pour pouvoir partir et aller dormir dans l’un des petits hôtels de la plage. La réceptionniste, très jolie, nous fait comprendre qu’il est plus de midi et que par conséquent, elle doit nous faire payer la nuit. Nous nous résignons donc à rester. Je retrouve mon petit carnet de notes sous mes affaires. Chouette, je n’aurait pas à tout réécrire. Nous dînons dans un autre petit boui-boui, puis nous allons nous coucher.

dimanche 3 janvier 1999

La frontière sénégalaise

Franck et Félix sont prêts à repartir. Nous faisons les derniers comptes et décidons que chacun en resterait là. Je fais remarquer à Félix que j’ai mis beaucoup d’argent jusqu’à présent et que cela représentait ma participation aux frais du camion. Nous nous disons au revoir après avoir pris une dernière photo de l’équipe. Xavier et Line sont allés faire quelques courses avant notre départ. Je les attends en discutant avec un suisse qui veut vendre sa voiture. C’est une 505 qui parait en bon état. Mais, je l’ai su plus tard, la crémaillère de direction est cassée et le démarreur en panne. En plus, elle marche à l’essence et ça se vend moins bien à Ouaga. Au retour de Xavier et Line, nous allons manger avec deux jeunes suisses sympas dans un petit boui-boui juste à coté du camping. Les restaurants ouverts sont durs à trouver pendant le ramadan. Nous mangeons un riz au poisson très basique. En début d’après midi, nous partons pour la frontière sénégalaise. Un taxi nous montre le chemin pour sortir de Nouakchott. Les barrages de police se passent sans difficulté. Les paysages sont magnifiques. Il y a beaucoup de tentes maures plantées dans le creux des dunes de sables d’une couleur orangée. Nous arrêtons de temps en temps pour prendre quelques photos. Xavier en profite pour distribuer des vieux vêtements qu’il avait emporté à des gens sur la route. Nous nous arrêtons dans une petite buvette à Rosso pour boire un Fanta. Un bac permet de franchir le fleuve Sénégal mais nous préférons prendre la piste qui longe le fleuve du coté mauritanien. Elle est très mauvaise. Il y a beaucoup de trous et de tôles ondulées. C’est en fait une zone de réserve pleine d’oiseaux et parait-il de crocodiles. Au premier barrage de police, nous offrons un stylo. Le planton nous propose de prendre le thé avec lui. Nous refusons car nous voulons arriver à Saint-Louis avant la nuit. Quelques kilomètres plus loin, nous arrivons à la frontière mauritanienne. Xavier s’occupe des démarches. Nous devons payer un bakchich pour les douaniers et pour les policiers. C’est comme ça. Nous rencontrons un groupe de français qui voyage en minibus et qui se sont tout fait voler à Nouakchott devant un cinéma. Ils ont quand même le moral. A la douane du Sénégal, nous devons attendre un peu que les douaniers aient fini de manger. Nous payons un droit de passage pour le pont, puis un bakchich pour le policier et un autre pour les douaniers. Ces derniers ont été relativement pénibles, car nous leur demandions de faire figurer la voiture sur mon passeport et non sur celui de Xavier afin qu’il n’ait pas de problème à l’aéroport pour rentrer en France. En effet, si la voiture est inscrite sur son passeport, il devra justifier qu’il a payé les taxes à la revente. Il a fallu palabrer longtemps pour trouver enfin un "arrangement" de 100 francs. Ils nous proposent une assurance sénégalaise obligatoire. Toutes ces tractations ont été fatigantes, mais nous sommes passés. La nuit est tombée lorsque nous arrivons à Saint-Louis. Nous suivons un panneau qui nous indique la direction d’un gîte d’étape. Il est très correct et relativement bon marché. Nous dînons dans un petit resto familial à coté. C’est le gardien un peu loufoque qui nous l’a indiqué. Le steak est plutôt bon. Nous retournons au gîte pour une bonne nuit.

samedi 2 janvier 1999

Arrivée à Nouakchott

Vers 7 heures du matin, nous arrivons enfin à Nouakchott. Sur la plage, c’est le départ des pêcheurs. Le guide nous fait prendre un raccourci pour éviter un poste de police. Pas de chance, ils nous ont vu. Un motard nous poursuit et nous arrête en nous engueulant. Nous lui expliquons que notre panne nous a conduit à aller au plus court. Il contrôle nos passeports puis nous laisse partir en nous conseillant de ne plus recommencer. Le guide nous conduit au camping "Les roses" géré par des maures. Ca a l’air propre et assez sympa. Nous y retrouvons nos amis français qui sont arrivés la veille. Leur voyage s’est bien déroulé. Franck part avec Félix faire réparer le radiateur. Moi, je vais faire un tour en ville avec Xavier et Line. J’achète des timbres à la poste. Je ne trouve pas de cartes postales assez jolies. Rentré au camping, je prends une douche qui me fait un bien fou. Nous allons déjeuner avec le groupe de français dans un petit restaurant qui sert des hamburgers à l’africaine. Je prends deux sandwichs pour Franck et Félix qui ont préféré rester au camping pour remonter le radiateur réparé. Après réflexion, je décide de racheter la voiture de Xavier, une Renault 20 diesel, et de continuer le voyage avec eux vers Dakar. L’ambiance avec Franck et Félix n’étant plus au beau fixe depuis Agadir, c’est sûrement mieux comme ça. De plus, j’ai envie de prendre mon temps pour en profiter un peu plus. Ils sont pressés d’arriver à Ouaga, pas moi. Félix prend ma décision avec étonnement et s’inquiète plus pour l’aspect financier de leur voyage dans la mesure où jusqu’à présent, c’est surtout moi qui sortais les sous. Je dors deux bonnes heures bien récupératrices. Je discute avec deux allemands très courageux qui voyage en vélo et vont jusqu’à Abidjan. Nous dînons avec toute l’équipe dans un restaurant camerounais qui sert un délicieux poisson, du Thiof à l’attiéké. Nous avons une discussion avec Yvan sur le coût des guides qui nous ont fait traverser le désert et qui me parait prohibitif. Lui trouve ça normal. Il a sans doute raison…

vendredi 1 janvier 1999

Radiateur percé en plein milieu du désert

Au réveil, nous nous souhaitons la bonne année. Il est 6 heures, il fait encore nuit. Il fait froid aussi. Nous rangeons tout dans les camions et partons rapidement pour ne pas rater la marée basse de midi. En effet, comme il n’y a pas de route, une partie du trajet se fait par la plage. Thomas ne veut pas rouler trop vite pour ne pas endommager son chargement. C’est son déménagement car il habite au Bénin. Son allure est très lente, environ 40 km/h. Nous n’arrêtons pas de l’attendre. Nous nous ensablons régulièrement et parfois on en a un peu marre. Finalement, Franck décide d’accélérer un peu pour éviter de rester en carafe à chaque fois qu’on passe un banc de sable. Lors d’une grande étendue de sable, il n’a pas pu éviter un petit monticule. On a entendu un grand choc. On s’arrête pour voir les dégâts. Les pales du ventilateur se sont enfoncées dans le radiateur. Résultat, il fuit à tout va. C’est la poisse car nous n’en avons pas de rechange. Franck ne perd pas le moral et décide de tenter une réparation de fortune. Avec le câble de remorquage, il soulève la cabine pour pouvoir accéder au moteur. Lorsque le radiateur est démonté, on se rend compte des dégâts. Cela parait irréparable. Mais Franck décide de tenter l’impossible en supprimant les ailettes détériorées et en colmatant les fuites avec du savon et du coton. Ne me sentant d’aucune utilité, je fais un paravent avec un des matelas pour éviter la poussière. La réparation dure au moins deux heures. Après repose et remplissage du radiateur, c’est le fiasco. Ca fuit encore plus. Finalement, Franck propose de supprimer le radiateur en faisant un pontage direct avec des durites de rechange. L’eau du circuit ne sera plus refroidie. En plein désert, c’est plutôt gonflé. Après démontage et remontage, nous repartons doucement pour ne pas faire chauffer le moteur. Au bout d’à peine deux kilomètres, le voyant est dans la zone rouge. Il faut tout arrêter. Je demande alors à Thomas s’il ne peut pas nous remorquer jusqu’au village de pécheurs 40 km plus loin. De toute manière, nous n’avons pas le choix, nous n’avons plus d’eau. A la station d’essence de Nouâdhibou, ce con de Félix a vidé quelques bidons d’eau que nous avions en réserve pour les remplir de gasoil afin de faire des économies. Résultat, maintenant, non seulement nous n’avons pas assez d’eau pour remplir le radiateur mais nous n’en avons pas non plus assez pour nous. Je suis furieux. Ca n’arrange pas l’ambiance. La piste devient meilleure, la traction de notre camion n’est pas trop difficile pour Thomas. Arrivés à un village de pêcheurs, Félix et Franck vont voir un bricoleur qui un petit poste à soudure pour rafistoler le radiateur. C’est mieux que rien. Les gardiens du parc national nous demandent de payer une amende par camion car leur passage n’est normalement pas autorisé dans le parc national du Banc d’Arguin. Au début, je refuse de payer car je pensais par erreur que le guide ne nous en avait pas parlé avant de partir. Finalement, en reprenant mon carnet de notes, je m’aperçois avec confusion qu’il en avait bien fait état. Je m’excuse et je paye. Franck et Félix reviennent au bout de deux heures avec le radiateur réparé. Espérons que cela tiendra. Comme il n’y a pas d’eau potable dans le village, nous sommes obligés d’en acheter en bouteille. Nous devons maintenant attendre la marée basse de minuit pour repartir. En plus, de nuit, la fraîcheur permettra au radiateur d’être moins sollicité. J’en profite pour dormir un peu. A 1h30, c’est le départ. Nous devons rouler sur la plage jusqu’à Nouakchott. Thomas, comme d’habitude, est loin derrière. Franck roule le plus près possible de la mer, là où le sable est le plus dur. De temps en temps les vagues passent sous le camion. Ce qu’on redoutait arriva. Au bout de 10 kilomètres, le radiateur qui n’a pas supporté l’eau de mer se remet à fuir. C’est la merde. On décide de retirer le radiateur et de se faire tracter par Thomas. Comme c’est la pleine lune, on peut admirer sans trop de peine les paysages aux alentours. Les dunes viennent mourir dans la mer. C’est magnifique. Nous roulons doucement, à 40 km/h. Il faut absolument arriver avant la marée haute sinon on sera inondé et on ne pourra plus passer. Je dors un peu. Soudain, le camion s’affaisse brusquement dans le sable. Les roues droites, du coté de la mer, sont complètement enfoncées dans du sable mou. Thomas a assez de puissance pour nous en sortir. On respire. Qu’aurait-on fait sans lui ? Franck fait tourner le moteur dans les endroits difficiles pour aider le camion de Thomas. Le voyant reste dans la zone orange. Thomas doit s’arrêter un moment car son camion se met lui aussi à chauffer. La mer commence à monter dangereusement sous les roues des camions. Cela devient vraiment inquiétant. Au bout d’un quart d’heure, après avoir refait le plein du camion de Thomas, nous repartons enfin.