vendredi 1 janvier 1999

Radiateur percé en plein milieu du désert

Au réveil, nous nous souhaitons la bonne année. Il est 6 heures, il fait encore nuit. Il fait froid aussi. Nous rangeons tout dans les camions et partons rapidement pour ne pas rater la marée basse de midi. En effet, comme il n’y a pas de route, une partie du trajet se fait par la plage. Thomas ne veut pas rouler trop vite pour ne pas endommager son chargement. C’est son déménagement car il habite au Bénin. Son allure est très lente, environ 40 km/h. Nous n’arrêtons pas de l’attendre. Nous nous ensablons régulièrement et parfois on en a un peu marre. Finalement, Franck décide d’accélérer un peu pour éviter de rester en carafe à chaque fois qu’on passe un banc de sable. Lors d’une grande étendue de sable, il n’a pas pu éviter un petit monticule. On a entendu un grand choc. On s’arrête pour voir les dégâts. Les pales du ventilateur se sont enfoncées dans le radiateur. Résultat, il fuit à tout va. C’est la poisse car nous n’en avons pas de rechange. Franck ne perd pas le moral et décide de tenter une réparation de fortune. Avec le câble de remorquage, il soulève la cabine pour pouvoir accéder au moteur. Lorsque le radiateur est démonté, on se rend compte des dégâts. Cela parait irréparable. Mais Franck décide de tenter l’impossible en supprimant les ailettes détériorées et en colmatant les fuites avec du savon et du coton. Ne me sentant d’aucune utilité, je fais un paravent avec un des matelas pour éviter la poussière. La réparation dure au moins deux heures. Après repose et remplissage du radiateur, c’est le fiasco. Ca fuit encore plus. Finalement, Franck propose de supprimer le radiateur en faisant un pontage direct avec des durites de rechange. L’eau du circuit ne sera plus refroidie. En plein désert, c’est plutôt gonflé. Après démontage et remontage, nous repartons doucement pour ne pas faire chauffer le moteur. Au bout d’à peine deux kilomètres, le voyant est dans la zone rouge. Il faut tout arrêter. Je demande alors à Thomas s’il ne peut pas nous remorquer jusqu’au village de pécheurs 40 km plus loin. De toute manière, nous n’avons pas le choix, nous n’avons plus d’eau. A la station d’essence de Nouâdhibou, ce con de Félix a vidé quelques bidons d’eau que nous avions en réserve pour les remplir de gasoil afin de faire des économies. Résultat, maintenant, non seulement nous n’avons pas assez d’eau pour remplir le radiateur mais nous n’en avons pas non plus assez pour nous. Je suis furieux. Ca n’arrange pas l’ambiance. La piste devient meilleure, la traction de notre camion n’est pas trop difficile pour Thomas. Arrivés à un village de pêcheurs, Félix et Franck vont voir un bricoleur qui un petit poste à soudure pour rafistoler le radiateur. C’est mieux que rien. Les gardiens du parc national nous demandent de payer une amende par camion car leur passage n’est normalement pas autorisé dans le parc national du Banc d’Arguin. Au début, je refuse de payer car je pensais par erreur que le guide ne nous en avait pas parlé avant de partir. Finalement, en reprenant mon carnet de notes, je m’aperçois avec confusion qu’il en avait bien fait état. Je m’excuse et je paye. Franck et Félix reviennent au bout de deux heures avec le radiateur réparé. Espérons que cela tiendra. Comme il n’y a pas d’eau potable dans le village, nous sommes obligés d’en acheter en bouteille. Nous devons maintenant attendre la marée basse de minuit pour repartir. En plus, de nuit, la fraîcheur permettra au radiateur d’être moins sollicité. J’en profite pour dormir un peu. A 1h30, c’est le départ. Nous devons rouler sur la plage jusqu’à Nouakchott. Thomas, comme d’habitude, est loin derrière. Franck roule le plus près possible de la mer, là où le sable est le plus dur. De temps en temps les vagues passent sous le camion. Ce qu’on redoutait arriva. Au bout de 10 kilomètres, le radiateur qui n’a pas supporté l’eau de mer se remet à fuir. C’est la merde. On décide de retirer le radiateur et de se faire tracter par Thomas. Comme c’est la pleine lune, on peut admirer sans trop de peine les paysages aux alentours. Les dunes viennent mourir dans la mer. C’est magnifique. Nous roulons doucement, à 40 km/h. Il faut absolument arriver avant la marée haute sinon on sera inondé et on ne pourra plus passer. Je dors un peu. Soudain, le camion s’affaisse brusquement dans le sable. Les roues droites, du coté de la mer, sont complètement enfoncées dans du sable mou. Thomas a assez de puissance pour nous en sortir. On respire. Qu’aurait-on fait sans lui ? Franck fait tourner le moteur dans les endroits difficiles pour aider le camion de Thomas. Le voyant reste dans la zone orange. Thomas doit s’arrêter un moment car son camion se met lui aussi à chauffer. La mer commence à monter dangereusement sous les roues des camions. Cela devient vraiment inquiétant. Au bout d’un quart d’heure, après avoir refait le plein du camion de Thomas, nous repartons enfin.

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