mardi 22 décembre 1998

Le moral à zéro

Vu l’inconfort de la cabine du camion, nous n’avons pas trop de mal à nous lever à 5 heures. Faisant comme si de rien n’était, nous tentons de repasser la frontière en espérant que l’équipe des douaniers aura changé. Un passeur nous propose de nous aider à remplir les formulaires. Nous acceptons pensant qu’il peut faciliter les choses. Il refuse de remplir le formulaire de Félix, sûrement parce qu’il est noir. Ca me choque mais ce n’est pas l’endroit pour faire une esclandre. Un douanier demande au chauffeur du camion, donc Franck, de le suivre voir le chef des douaniers. Pas de chance, c’est le petit teigneux d’hier. Il engueule Franck et lui demande de dégager immédiatement. Franck tente le tout pour le tout en lui proposant un bakchich. Ca a failli tourner au drame, le teigneux lui dit que c’est de la corruption de fonctionnaire. On n’insiste pas et faisons demi-tour à Ceuta. Cela fait bien rire les douaniers espagnols, nous moins. Félix, Franck et Claude-Maurice décident d’aller prendre un petit déjeuner en ville. Moi, je préfère rester dans le camion pour essayer dormir un peu. Je n’ai presque pas fermer l’œil de la nuit. Après avoir déjeuné, Félix et Franck vont voir la croix rouge locale pour essayer d’obtenir leur aide. Malheureusement, ils ne peuvent pas faire grand chose pour nous. Mais ils promettent d’en parler à un douanier espagnol qu’ils connaissent. Plus tard, nous téléphonons de nouveau à Marie-Christine qui nous informe que la croix rouge ne fera rien pour nous aider. Ils ne veulent pas prendre de risque. Le moral des troupes est au plus bas. Nous commençons à réfléchir à un éventuel retour. Nous tentons le tout pour le tout. Nous retournons à la douane marocaine pour les informer que nous avons fait le nécessaire auprès de la croix rouge et que tout devrait rentrer dans l’ordre rapidement. L’ordonnateur, le chef des douaniers plutôt sympa, me montre un fax du consulat de Tanger en notre faveur mais ne peut rien pour nous car il a besoin d’un ordre de Rabat, pas du consulat français. Un chef douanier espagnol vient essayer de parlementer avec l’ordonnateur. Il a sûrement été averti de notre problème par la croix rouge de Ceuta. Les douaniers et policiers marocains font semblant de compatir à notre problème, mais nous ne sommes pas dupes, ça ne changera pas grand chose. Tant qu’ils ne recevront pas de fax de Rabat, ils ne nous laisseront pas passer. Comme tous nos espoirs s’estompent, nous décidons de demander à Laurent, le copain de Félix, de faire un faux ordre de mission de la croix rouge et de l’envoyer par fax directement à Rabat. Pour cela, nous lui envoyons par fax un courrier de la croix rouge que nous possédons pour qu’il puisse récupérer l’entête et la signature. Avec Félix, je rédige un courrier d’accompagnement. N’arrivant pas à joindre Laurent, nous en faisons une copie à Fabienne pour qu’elle tente de le joindre et de voir ce qu’elle pouvait faire de son coté. Puis, nous retournons à la douane. Le fax n’est pas encore arrivé. Nous attendons à l’écart dans le camion. Un peu plus tard, un groupe de français arrivent avec un camion bariolé militaire et deux voitures. Ca ne rate pas, les voitures peuvent passer mais pas le camion. Ca n’arrange pas nos affaires mais nous nous sentons moins seul. Nous discutons avec eux. Ceux sont des grenoblois assez sympas mais pas très finauds. Ils veulent aller à Rabat pour chercher les autorisations nécessaires et revenir récupérer le camion. On leur explique que ça va prendre beaucoup plus de temps qu’ils ne l’imaginent. Ils n’arrêtent pas de téléphoner partout avec leur portable. Ca a l’air d’énerver les douaniers. Nous voyons bien quelques camions touristiques passer, mais comme ils sont aménagés en camping-car, ils ont donc le droit de passer. A la tombée de la nuit, nous décidons d’aller discrètement faire viser nos passeports à la police. On se dit que ce sera toujours ça de fait au cas où on arriverait à passer. Un douanier fait remarquer à Claude-Maurice que la date de son passeport est périmée et qu’il ne pourra donc pas passer. Il râle et crie partout "Je suis le roi des cons!". A l’heure qu’il est, le fax n’arrivera sûrement plus ce soir. Nous retournons donc à Ceuta devant l’air hilare des douaniers espagnols. Franck et Claude-Maurice retournent dîner au resto chinois. Félix et moi n’avons pas faim et restons dormir dans le camion. A leur retour, nous partons dormir à notre place habituelle sur le parking de la plage. Claude-Maurice va se coucher dehors malgré le froid.

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